La Chartreuse, cette délicieuse liqueur, qui nous vient de la région de Voiron en Isère, est depuis longtemps mise en scène et produite par une congrégation religieuse, celle des frères chartreux, une source de revenus importante pour ces moines. On sait que depuis quelques années, elle est revenue à la mode grâce à ses cuvées spéciales, celle du bicentenaire, celle des MOF sommeliers, la VIP et les bouteilles produites pendant l’exil en Catalogne ont fait le reste de la reconquête en quelque sorte…
Mais nouvelle surprise, le marché américain s’est amourachée de ces flacons verts ou jaunes et la demande a explosé ! Depuis les péripéties liées au Covid-19 et les modifications des consommations mondiales ont fait augmenter la demande, et face à cet état de fait les moines n’ont pas choisi d’en produire plus et ce serait plutôt le contraire, ne voulant pas rentrer dans un business économique avec trop de contraintes pour eux.
Il ne s’agit pas ici d’une société de production qui doit faire des bénéfices et encore plus si possible, mais d’un ordre monastique qui tient juste à subvenir aux besoins de la communauté, et le plus important pour les moines, étant de se consacrer à la solitude et à la prière, et non pas de produire des millions de bouteilles supplémentaires qui auraient assurément d’après eux un effet négatif sur la planète…
Il ne s’agit pas d’un bras de fer entre la congrégation et le monde actuel, mais tout simplement une différence fondamentale au sein de notre civilisation, cela démontre bien l’existence d’un monde à 2 vitesses, dont il faut se réjouir, car personne ne connaît le devenir même à court terme de la planète et de la race humaine…
Un peu de philosophie ne fait pas de mal en ce milieu de semaine, d’autant plus si elle peut s’accommoder d’un petit verre du précieux breuvage…
Source : www.lepoint.fr